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BB King : "Vol. 1 & 2 - Best Of"

 
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 Pour beaucoup, BB King n’est maintenant qu’un vieux sage sans urgence, complètement dépourvu de pèche. Le rôle d’ambassadeur du Blues lui va, il est vrai, comme un gant maintenant que les éventuels héritiers sucrent des fraises (John Lee Hooker, le seul à pouvoir soutenir la comparaison, ne s’occupe plus que de sa collec’ de voitures des années 50 dans sa maison de banlieue de San Francisco). Il est incontestablement, le seul de l’époque à tenir la route (j’en veux pour preuve son dernier disque avec Clapton, qui pour n’être pas décisif, n’est pas déshonorant et rempli son contrat, à savoir payer les factures).

De plus, il ne faut pas se moquer d’un bonhomme qui depuis 50 ans, vit sur la route, de concert en concert sans jamais se reposer. Cet homme, quoi qu’on en dise, EST le blues. Ce n’est peut-être pas le Blues que vous aimez. En attendant, c’est le dernier de cette génération légendaire à prendre le risque chaque soir de faire décoller son auditoire sur la base de simples notes sur sa guitare.

Maintenant, attaquons-nous au disque : " The Best Of ", le message est clair. On parle ici de la période Ace, c’est à dire les tout débuts de BB dans les années 50’s. Attention, ici, on ne parle pas des vibratos délicats et vibrants du BB actuel.

Oh là, non. Attention, le BB King de cet époque sort tout juste de son ghetto et perçoit la chance qui lui est offerte : réussir dans la musique grâce à sa guitare. Et il en veut, le jeune BB King (à savoir Blues Boy King). Impressionné par la virtuosité d’un Django Reinhardt et d’un Charlie Christian, il mélange les influences jazzy à une rythmique big band tout en cuivre, lui permettant ainsi de se distinguer du blues plus rural, en vogue à l’époque.

Ses costumes soignés et toujours impeccables ainsi que sa guitare Lucille (nommée ainsi suite à une altercation à peine croyable dans un bar dans laquelle il échappera de peu à la mort) lui permettront d’accéder à la gloire.

Tous ses grands hits sont représentés ici : " You Upset Me Baby ", " Every Day (I Have The Blues) ", " Five Long Years ", " Sweet Little Angel ", " Sweet Sixteen ", " Rock Me Baby "… Rien que la liste montre à quel point son influence a pu être importante.

Réécouter les disques de cette époque surprend maintenant que son jeu a pris une autre tournure et pourtant : quelle vélocité, quelle férocité, quelle puissance dans les notes qu’il dégageait à cette époque ! ! ! !

Le background est purement blues, la rythmique est un accompagnement jazzy style big band, très cuivré, et pourtant on n’entend que lui, tout en improvisations, un peu à la manière d’un Django se mettant au Blues…

Je ne parlerais pas ici de l’influence qu’a eu le King sur l’ENSEMBLE des joueurs de guitares (qu’ils le sachent ou non, d’ailleurs). Je rappellerais juste que Clapton le vénère comme un Dieu (Jeu de mot de bon aloi, je remet 100 francs dans le nourrin), que ses intros sont des passages obligés à tout Blues mid-tempo et qu'on raconte qu’il terrassa un jour dans un duel amical Stevie Ray Vaughan, guitariste pyrotechnique s’il en est, d’un seule note !

Il s’agit ici de plages vitales, tout autant que celles qu’a gravé Muddy Waters sensiblement à la même époque. Et contrairement à ce que l’on croit, ces titres sont largement aussi sauvages que celles de son acolyte bien que dans un style plus policé. Écoutez " Rock Me Baby ", un pur riff Blues old style, et la voix de BB, légèrement distordue par le microphone, superbe d’émotion, c’est pas long, il ne prend quasiment pas de solo, et pourtant il renvoie tout le monde à l’école…

Bref, un indispensable de la discothèque Blues. Et qu’on ne me dise plus que BB King, ce n’est pas vraiment du Blues ! Je pourrais devenir méchant…

A écouter :

  • " Riding With The King " : sa dernière collaboration avec Clapton. Pas indispensable mais agréable…
  • " Live At The Regall " : LE live mythique du Blues. Jamais, on n’avait senti un artiste faire réagir son public comme ça… On notera qu’à cette époque le Blues concernait uniquement les classes noires de la population et qu’il est improbable qu’il y ait eu beaucoup de blancs dans l’assistance… Ceci explique peut-être cela….
  • Albert King : l’autre King du Blues. Une autre vision du Blues, plus brute et tout aussi importante. Amusant de voir comment Clapton s’est influencé de l’un ET de l’autre pour construire son jeu.

 

BB King, "Vol 1 & 2 - Best Of", 1991, EMD Virgin.

 

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